Jean Carignan nous a quitté l’an dernier, le 12 octobre 2012 suite à un cancer fulgurant. Collègue et ami de nombre d’entre nous, la SFIS a souhaité se souvenir de lui. Une session spéciale lui a été dédiée lors de la Goldschmidt 2013.
Jean avait 47 ans et était Québécois. Il a fait ses études universitaires à Montréal et a réalisé ses travaux de thèse au Géotop de l’UQAM sous la direction de Clément Gariépy et Nuno Machado, sur les isotopes de Pb, la croissance crustale et la métallogénie. Il est ensuite devenu chercheur associé au Géotop où il a commencé à développer le traçage des pollutions atmosphériques en utilisant les lichens. Il est venu dans le sillage de John Luden au CRPG de Nancy en 1996 pour prendre la direction du Service d’Analyse des Roches et Minéraux (SARM) de l’INSU. Il est resté au CRPG jusqu’en 2011 pour ensuite rejoindre l’Unité mixte internationale CNRS-Université Laval Takuvik autour des projets Arctiques. Jean Carignan était ingénieur de recherche hors classe depuis 2010.
À la direction du Service national d’Analyse des Roches et Minéraux du CNRS à Nancy durant 15 ans, Jean a toujours su concilier l’excellence du service avec le respect des techniciens et ingénieurs pour lesquels il se battait pour obtenir de ses tutelles les meilleures conditions de travail. Jean était également un chercheur géochimiste et a largement contribué au développement des méthodes d’analyses isotopiques sur ICP-MS à multi collecteurs. Il s’était particulièrement attaché à explorer les cycles des métaux dans les environnements terrestres. Ses développements sur Mg, Se, Cd, Hg, Pb, & Zn ont conduit à pouvoir exploiter les compositions isotopiques de ces éléments pour tracer leurs sources et leurs transformations dans les processus de surface. Avec ses doctorants, Christophe Cloquet, Agnès Brenot, Sandrine Baron, Nicolas Estrade, Jenny Maccaly… Jean a ainsi contribué à la compréhension de processus aussi divers que la dispersion atmosphérique des aérosols industriels et naturels à l’échelle globale comme sur des espaces régionaux, l’évolution des courants océaniques, ou encore les relations sols-plantes et la phyto-disponibilité des métaux. Ses travaux avaient pour socle les frontières de l’analyse isotopique des métaux et reposaient aussi sur des approches de terrain originales et l’expérimentation pour documenter les fractionnements isotopiques.
Dès 2009, Jean s’est investi avec enthousiasme dans l’aventure arctique en participant activement à la création d’une unité de recherche mixte internationale du CNRS à l’Université Laval, qui voit le jour en janvier 2011 sous le nom de Takuvik. Passionné par les impacts des pollutions sur les territoires arctiques, Jean a su rapidement, à la direction adjointe du laboratoire, intégrer sa vision des sciences de la Terre dans les problématiques du changement climatique, et entamer des recherches prometteuses sur les transferts géochimiques liés aux activités minières dans le Grand Nord Québécois.
Jean Carignan était un chercheur enthousiaste et créatif. Il laisse le souvenir d’un collègue rayonnant, d’une grande spontanéité, chaleureux et toujours attentif. C’était aussi un encadrant remarquable tant au sein de son service qu’avec les doctorants qu’il a dirigé. Jean était aussi un guitariste de talent et un ami cher pour nombre de personnes à l’INSU.